Un fonds d’urgence sous doté et mal-adapté au terrain
On savait déjà qu’avec 70 millions d’euros sur l’année 2023 le fonds d’urgence était sous doté par rapport aux 150 millions d’euros de pertes chiffrés sur 2022 par le lait, le porc et les fruits et légumes. Mais outre le manque de moyens, la rigidité des critères mis en place bloque de nombreux agriculteurs dans l’accès au fonds. « Chaque jour on reçoit des dizaines d’appels d’agriculteurs démunis de ne pouvoir demander l’aide parce que la contrainte du double critère[1] est trop forte et qu’il y a peu de souplesse dans l’analyse » explique Philippe Camburet, président de la FNAB.
Il est urgent que le ministère facilite le dépôt des dossiers de demandes d’aides en permettant de la souplesse notamment sur le critère de trésorerie : réintégration des salaires non perçus, réintégration des apports de trésorerie en fonds propres, acceptation des attestations prévisionnelles pour les comptabilités qui se clôturent après le 31 mai (…).
Les grandes cultures s’enfoncent dans la crise
En 2023 c’est le tour des grandes cultures de s’enfoncer dans la crise. « Les prix se sont effondrés cette année, la demande n’est pas au rendez-vous, nous avons besoin d’outils de régulation adaptés à la bio » explique Philippe Camburet. Un travail de prospective d’Arvalis évalue le risque de perte de revenus des fermes en grandes cultures au minimum à 30% voire plus selon les régions de production.
Sur la seule filière blé tendre, première céréale collectée en France, la perte moyenne se situe actuellement entre 100 et 150 euros la tonne, ce qui représente jusqu’à 60 millions d’euros de perte sur cette seule production. « On voit bien qu’on ne peut plus se contenter de mesures pansements, il faut un soutien massif pour passer le cap et réfléchir à tous les outils de régulation dont on dispose pour soutenir les filières bio : achats des stocks par l’Etat, financement du déclassement en dernier recours… Ce qui fonctionne déjà en conventionnel doit rapidement pouvoir bénéficier à la Bio » conclut Philippe Camburet.