John VOINSON, producteur et cueilleur en PPAM depuis 2011, est également Maire du VALTIN (88, 77 habitants) depuis 2018. Il transforme tout sur sa ferme et propose ses produits en circuits courts.
La bio est-elle une priorité pour toi ?
« La bio est un choix prioritaire pour moi. En tant que producteur de plantes médicinales je ne conçois pas les choses autrement. En tant qu’élu, selon moi, l’agriculture biologique (AB) peut représenter un gisement d’emplois. Avoir des producteurs en vente directe à fortiori en bio correspond également à une source d’attractivité pour les visiteurs : les produits bio sont plébiscités. Les gens sont à la recherche de productions de qualité, d’échange et de commerce avec les petits producteurs. La bio rime avec qualité et proximité. La bio est bénéfique pour préserver la ressource en eau et la biodiversité, même si ici nous sommes encore préservés. La bio rime avec santé de l’homme et protection de l’environnement. Si on avait une cantine scolaire au Valtin, ça aurait tout son sens de favoriser les filières bio pour l’approvisionner. »
Selon toi, en quoi le lien entre l’agriculture et les élus est-il important ?
« Un de nos gros enjeux est de gérer l’espace, d’éviter que les paysages se referment, nous avons besoin des agriculteurs. Nous souhaitons aussi donner une image positive de notre agriculture : elle a envie d’être vue et participe au cadre de vie. Voir les vaches avec les clarines dans le village plaît beaucoup aux habitants et aux visiteurs en été. »
En quoi les problématiques actuelles des citoyens sont en lien avec l’agriculture bio ?
« La bio procure une alimentation saine, des paysages de qualité, de l’emploi, de l’’activité économique et lutte contre les pollutions de l’eau et du sol. L’AB répond à une attente des citoyens. Elle apporte une vie plus saine, plus durable, plus résiliente. »
Ton regard d’élu passe par le prisme paysager.
« Le paysage est l’image d’un territoire, le résultat du lien entre l’homme et l’environnement. A sa lecture, tu comprends beaucoup de choses sur un territoire : est-ce que l’agriculture et la forêt se portent bien, etc. L’agriculture garantit l’autonomie alimentaire du territoire, l’entretien des paysages, la conservation des savoir-faire, de la biodiversité des animaux d’élevage et des variétés végétales.
La transition écologique m’évoque une opportunité en matière d’emploi et d’économie. Nous avons peut-être le temps de réfléchir aux opportunités éventuelles de la contrainte du changement climatique et de se demander comment anticiper et comment s’y préparer. Il s’agit d’en faire un enjeu partagé avec des objectifs communs et d’agir ensemble pour le bénéfice de chacun. »
As-tu un souhait d’élu à nous partager ?
« Nous allons dans le bon sens, la bio se développe, les projets d’installation sont de plus en plus nombreux. Il y a des exemples de synergies réussies à essaimer : sur Plainfaing, un fromager s’est installé. Il achète son lait à un producteur bio et le transforme ici. Faire un lien entre nos friches industrielles qui tombent en ruine et l’amélioration de notre autonomie sur le modèle de l’agriculture urbaine serait une transition que je soutiendrais. »
Propos recueillis par Carole TONIN