La biodiversité dans les vignes, une mission collective !

La biodiversité dans les vignes, une mission collective !
La biodiversité dans les vignes, une mission collective !

Dans le cadre de Plantons des Haies, la LPO et Bio en Grand Est ont proposé aux viticulteurs marnais une animation collective sur les bénéfices de la biodiversité au vignoble. Un rendez-vous très attendu qui malgré la pluie, a rassemblé 25 participants curieux de découvrir les installations de Cyril BONNET le mercredi 22 juin dernier.

Cyril BONNET exploite 10 hectares de vigne, réparties sur 50 parcelles dans 4 villages autour de Chamery, le siège du domaine. Entré en conversion bio en 2013, il s’est fixé l’objectif d’avoir le moins d’impact possible sur la vie dans le vignoble tout en produisant du raisin de qualité. Implantation d’arbres, de haies, de couverts végétaux et de nichoirs, Cyril a maintenant un recul de trois ans sur ces installations en faveur de la biodiversité.

(Cyril BONNET)

Pour son travail de réflexion autour de la biodiversité sur son domaine, Cyril a été accompagné par la LPO Champagne Ardennes, qui a financé une partie de son projet via le projet Trame Verte et Bleue et réalisé un inventaire de la biodiversité présente dans les vignes. Le diagnostic révèle des espèces inféodées à l’activité viticole, comme l’alouette lulu, qui s’est adaptée au milieu viticole champenois pour en devenir l’espèce emblématique. Les insectes identifiés sont plutôt thermophiles et adaptés aux milieux ouverts. Une gestion des tournières avec une fauche modérée est donc nécessaire pour les préserver.

« Après cet inventaire, nous avons commencé à réfléchir aux aménagements possibles dans mes vignes. Cela m’a ouvert un autre champ de connaissances. »

Ajouter de la verticalité au vignoble

Deux hectares sont ainsi complantés avec des arbres, dont les essences sont soigneusement choisies pour être en harmonie avec le terroir et le microclimat de chaque parcelle. Techniquement, les arbres sont plantés tous les 7 rangs afin de permettre le travail à l’enjambeur, et la densité est de 150 à 200 arbres à l’hectare. Un arbre est installé devant chaque rang complanté, pour faciliter leur identification. C’est près de 600 arbres dont 250 fruitiers qui ont été plantés l’année dernière. Cyril a choisi de jeunes parcelles et des vieilles vignes pour y installer la vitiforesterie. En testant plusieurs modalités, il espère arriver à comprendre les interactions complexes entre les arbres et la vigne et trouver un système résilient, productif et qualitatif. A terme, les arbres seront trognés et les branches seront utilisés comme BRF (Bois Raméal Fragmenté) dans les vignes.

« Le reboisement du vignoble est aussi l’affaire des communes. A Chamery, nous sommes quatre vignerons à avoir installé des arbres et des haies. La commune commence également à replanter des haies. On est sur la bonne voie. »

Enherber et raisonner son travail du sol

Trois hectares du domaine sont semés avec des couverts végétaux et des engrais verts. Cette technique donne des résultats hétérogènes selon les saisons : « cette année, les couverts n’ont pas bien pris, les seigles n’ont pas levé, or ils sont essentiels pour assurer un bon paillage une fois couchés. A l’inverse, en 2021, les parcelles ayant un couvert ou un engrais vert étaient plus facile d’accès. »

Cyril raisonne également son travail du sol. Trois hectares sont ainsi en stratégie travail du sol minimal. Il a installé des toiles de chanvre sous les rangs complantés d’arbres pour éviter la concurrence avec les adventices et limiter le travail du sol sous ces rangs. Avec ce raisonnement, Cyril a utilisé des rouleaux de paillage en chanvre et amidon de maïs, produits localement sur une parcelle de plants, qui n’a reçu aucun travail du sol depuis 2020.

En saison hivernale, pour limiter le travail du sol et favoriser la fertilisation de ses vignes, Cyril fait pâturer quatre moutons dans un enclos d’une vingtaine d’ares. L’enclos est déplacé toutes les 2 à 3 semaines en fonction de l’enherbement. C’est 2 à 3 hectares qui sont ainsi visités par les moutons chaque année.

 

Et pourquoi toutes les installations ?

Ces installations peuvent sembler contraignantes, couteuses, pas optimales ? Face aux sceptiques, c’est Cyril qui apporte la meilleure réponse :

« Tout cela demande plus de travail et limite la mécanisation, mais pour moi ça a du sens face au dérèglement climatique. A mon échelle, je peux atténuer les évènements climatiques extrêmes grâce à la fraicheur sous les arbres, et bénéficier d’un effet coupe-vent. En ramenant de la diversité dans mes vignes, je favorise la venue d’insectes et d’oiseaux qui m’aident dans la lutte contre les mange-bourgeons. J’ai pensé mon système pour qu’il soit fixateur d’eau et de carbone, résilient et autonome. »

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