Communiqué de presse de la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique
Emmanuel Macron déclare la guerre à la transition écologique
Paris, 23/04/20. Pour son premier déplacement dans le monde agricole depuis le début de la crise du COVID-19, le Président de la République a choisi de valoriser le modèle agricole le plus déconnecté du monde vivant ; un modèle aseptisé, artificialisé, où il y a plus de béton que de terre, où les fruits et les légumes sont chauffés toute l’année. Un modèle qui pourtant devrait aujourd’hui se remettre en question, à l’aune de ce que l’on comprend des pandémies, mais aussi du rôle que l’agriculture a joué et jouera encore dans les crises sanitaires et écologiques, passées et à venir.
Arrogance, mépris et méconnaissance des sujets
Depuis plus de trois ans, l’agriculture biologique est victime de l’absence totale de vision écologique de l’Elysée : retards de paiement, suppression des aides au maintien, objectifs de développement mensongers.
Dans ses déclarations publiques d’hier, le Président de la République dénigre les circuits courts, qui sont pourtant en ce moment un véritable refuge pour les consommateurs. Avec le drive, ils sont le mode de consommation le plus plébiscité pendant la crise avec + 73% de vente sur les semaines 12 et 13[1]. Ce sera sûrement la plus grande leçon de cette crise : les territoires qui ont les circuits de proximité les plus développés sont aussi les plus autonomes et agiles pour assurer la sécurité alimentaire de leur population.
« Ce qui est plus inquiétant encore, dénonce Guillaume RIOU, c’est d’affirmer, à ce niveau de responsabilités, que l’agriculture biologique se limite aux circuits de proximité. C’est une méconnaissance totale de nos pratiques, qui prônent la diversification y compris des modes de commercialisation pour sécuriser nos systèmes. Nous n’avons pas attendu Emmanuel Macron pour nous organiser aussi en filières longues ».
Les citoyen-nes eux ne s’y trompent pas, puisque la crise sanitaire creuse encore l’écart de croissance entre les produits bio et les produits conventionnels (étude Nielsen [1]).
En 2018, l’IDDRI démontrait[2] qu’il était possible de nourrir l’Europe avec un système 100% biologique, mais pour ça il faut une véritable volonté politique et un projet de société qui mettrait l’écologie au cœur des enjeux de demain.
La FNAB réitère sa demande que l’Etat ne laisse pas seul le marché donner le cap de la transition agro-écologique. Il serait inacceptable que les plans de relance ne soient pas conçus comme des accélérateurs de transition écologique et sociale.
Contact presse : William LAMBERT – 06 03 90 11 19