La Région Grand Est veut-elle rester en queue de peloton national sur la transition agroécologique ?
Réagissant aux propos tenus par Laurent WENDLINGER, Président de la Commission Agriculture du Conseil Régional, qui justifie dans Agrapresse, repris par la presse régionale, la suppression de la bonification bio de la future DJA : « Il faut que les agriculteurs bio vivent par leur filière et non par l’assistanat»[1], le réseau Bio en Grand Est, qui fédère les 4000 agriculteurs biologiques du territoire, juge inacceptable de tels propos et les retours en arrière incessants sur l’ambition régionale autour de l’agroécologie.
Non les agriculteurs bio ne sont pas assistés ! La cour des comptes vient de relever dans son récent rapport le manque de soutien public généralisé vers la filière biologique au regard des enjeux environnementaux, climatiques, sanitaires[2].
Non la filière bio n’est pas assistée ! les filières biologiques se sont souvent construites seules, portées par les producteurs et les distributeurs. Contrairement à de nombreuses filières conventionnelles, notamment les biocarburants soutenus par le conseil régional à grand renfort de subvention et au niveau national à grand renfort de défiscalisation.
Alors que près de 40% des projets d’installations se font aujourd’hui en agriculture biologique selon l’Agence Bio, la région Grand Est, en supprimant la bonification bio et Hors Cadre familial de la DJA, fait-elle le choix de la simplification pour son administration en tournant le dos à l’agriculture de demain et au renouvellement des générations ?
Les porteurs de projet en agriculture biologique perdront en effet lourdement en trésorerie lors de leurs futures installations, avec des DJA moyennes en Grand Est de 38 938 € en 2021 quand celles-ci risquent demain de plafonner à 23 000 € (hors élevage et hors montagne). Cela pèsera inévitablement sur la viabilité des installations, notamment en maraichage, production pourtant largement déficitaire sur notre territoire et déjà touchées de plein fouet par l’inflation.
Laurent COUSIN, Président de Bio en Grand Est répond : « les propos tenus par le Président de la Commission Agriculture du Conseil Régional en parlant de l’assistanat supposé des producteurs biologiques, sont inacceptables. Les agriculteurs bio « ne cherchent pas l’assistanat » mais à être justement reconnus pour les nombreux services qu’ils rendent à la société comme le souligne le récent rapport de la Cour des comptes. Par ailleurs, le rôle de la « Dotation Jeune Agriculteur n’est pas le soutien aux filières » comme vous l’avancez. Les aides à l’installation c’est le renouvellement des générations, c’est définir quelle agriculture nous voulons pour demain. Visiblement, la Région Grand Est propose aux futurs installés en bio de passer leur chemin ».
Le Grand Est, à la 8ème position nationale pour l’agriculture biologique, a-t-elle pour seule ambition de rester en queue de peloton sur la transition Agroécologique ?
[2] https://www.ccomptes.fr/fr/publications/le-soutien-lagriculture-biologique