Bertrand, pourquoi avoir choisi de commencer ton aventure avec les Espaces-Test ? Qu’en retiens-tu ? Aujourd’hui, où en es-tu de ton projet ?
C’est par hasard, lors d’un chantier de plantation de haies autour d’un champ dans le Bas-Rhin que j’ai rencontré Camille. Elle avait repris en main la propriété familiale de Saint Gilles, à Wintzenheim près de Colmar, détenue par sa famille depuis plusieurs générations pour s’y installer et y développer une petite ferme diversifiée. Elle s’occupait d’abeilles ainsi que d’une petite culture de plantes aromatiques et médicinales. Il y avait donc de la place pour un petit maraîchage. La solution de commencer sous la forme d’un espace-test s’est imposée toute seule car cela me permettait de démarrer avec un statut, sans que Camille n’aie à s’engager sur plus de deux ans, ce qui nous laisserait le temps de mieux faire connaissance et de savoir si nous irions plus loin ensemble.
Pour moi le principal avantage a été la simplicité des démarches administratives. Quelques rencontres avec la coordinatrice de l’association des Espaces-test et réunions auprès de la CAE Antigone ont suffi à me lancer. J’avais un numéro de SIRET à disposition, je pouvais déclarer mes achats et vendre en toute légalité. Rien à voir avec la complexité d’un parcours installation. La première année j’ai mis en culture 25 ares de légumes de conservation et j’ai gardé un petit boulot à côté, ce qui m’a laissé le temps de prendre mes marques et de réfléchir à un mode de commercialisation (nous avions mis en place une petite coopérative maraîchère).
Pendant 2 saisons cela a très bien fonctionné, même si la CAE était un peu en difficulté par rapport aux particularités du monde agricole, mes légumes étaient certifiés bio, et j’étais prêt à envisager de poursuivre sous le statut d’entrepreneur salarié, pour bénéficier du réseau riche et varié de la coopérative, et avoir un statut social plus avantageux que celui d’agriculteur. Malheureusement, je n’ai pas pu rester sur cette ferme, ce qui a mis fin à cette expérience. Ce fut d’ailleurs assez dur à digérer car bien que je savais dès le départ ne pas avoir de garantie au-delà de 2 années, j’ai dû tout mettre en place, tout installer pour avoir un outil de travail fonctionnel et rentable sur 50 ares de plein champ.
Depuis, je suis à la recherche d’un nouvel endroit où m’installer, en Alsace, et le cheval avec qui je travaillais est au chômage partiel chez un ami. Cette expérience m’a permis de prendre confiance dans mes capacités de créer mon activité, de gérer les cultures, la vente et la traction animale. Ce fut un bon tremplin et je pense que la réussite de ce test tient aussi beaucoup à mes expériences passées et ma formation solide (BPREA biodynamie d’Obernai).