Alors que la Cour des comptes publie ce matin son rapport sur la situation du soutien public à l’agriculture biologique, le nouveau ministre de l’agriculture annoncera demain les arbitrages de la future Politique Agricole Commune. C’est en réalité maintenant que se joue le bilan du quinquennat sur la transition écologique de l’agriculture et à ce stade il n’est pas bon.
La Cour des comptes reconnaît la Bio comme le meilleur moyen de réussir la transition agroenvironnementale
C’est l’un des éléments notables du rapport, la Cour reconnaît les avantages pour l’environnement et la santé publique du mode d’agriculture biologique et sa légitimité à être fortement soutenue par les pouvoirs publics. Elle démontre ce que l’on savait déjà : depuis cinq ans le soutien public à la bio a été détricoté, ralentissant drastiquement la dynamique de conversion. La Cour affirme clairement la nécessité de bien mieux rémunérer l’agriculture biologique que les labels et certifications moins exigeants comme la HVE.
« Les attaques contre la Bio ont commencé dès 2017 avec la demande publiquement faite par une partie de la profession agricole de supprimer certaines aides à la Bio » commente Philippe Camburet, président de la FNAB. « Il n’est pas étonnant que cinq ans plus tard le marché et les filières soient dans cet état. Le monde agricole nous a lâché mais il n’est pas trop tard pour redresser la barre. »
Des arbitrages cruciaux sont encore à venir
Le nouveau gouvernement a encore la possibilité de limiter les dégâts causés par la politique menée depuis cinq ans. La future PAC sera dans tous les cas moins favorables aux agriculteurs biologiques que la précédente, avec une baisse des aides environnementales à l’hectare (voir tableau ci-dessous, source FNAB); mais l’arbitrage qui sera annoncé vendredi pourrait réduire drastiquement la perte.
La décision favorable du gouvernement de relever le crédit d’impôt bio à 4500 euros par an compensera en partie les pertes liées à la PAC, notamment pour les éleveurs et les petites surfaces. En revanche, pour les légumiers de plein champ et les céréaliers des régions comme l’Ile de France, la Normandie et les Hauts de France le crédit d’impôt ne suffira pas. Or ce sont ces filières que le ministère visait pour atteindre 18% de surfaces en bio en 2027.
« Notre demande d’un soutien à 145 euros par hectare et par an sur l’éco-régime n’a donc rien d’exagéré, c’est maintenant au gouvernement de garantir la pérennité de la Bio » conclut Philippe Camburet.