Alors que le début de la période estivale laissait imaginer des vendanges 2022 historiquement précoces, les différents épisodes de sécheresses des mois de juillet et août ont retardé la maturation des raisins. C’est finalement en cette fin du mois d’août que les premiers coups de sécateurs ont été donnés ! L’occasion de se rendre chez les adhérents de l’Association des Champagnes Biologiques et de partager leur quotidien durant cette période d’effervescence.
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28/08/2022 : Côte des Bars
Ce tour des vendanges débute ainsi chez Emilie et Julien Perron. Situé à Meurville, dans le Bar-sur-Aubois, le domaine a entamé sa conversion bio l’année dernière. Soucieux d’apporter de la biodiversité dans leur vignoble, Emilie et Julien ont décidé d’y implanter des arbres mais aussi d’y installer des ruches !
Nous poursuivons notre périple aubois, direction Polisot. C’est là que le jeune Paul-Bastien Clergeot nous attend. Converti depuis la difficile saison 2021, ce millésime 2022 est un véritable « soulagement » pour lui. Seule ombre au tableau : « il n’y a déjà presque plus de bières ! »
Nous terminons notre escapade auboise au domaine Etienne Sandrin, où nous ont donné rendez-vous Anne et Etienne : « C’est un millésime comme on aimerait en voir plus souvent ! » Installé en 2006, le couple décide de se lancer dans la certification bio en 2014 puis en biodynamie un an plus tard. Leur souhait : léguer un vignoble le plus sain possible !
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30/08/2022 : Coteaux du Sézannais
Notre périple à travers la Champagne se poursuit à l’extrême Sud-Ouest du département de la Marne, dans les Côteaux du Sézannais. C’est sous la pluie, que Gaël, l’ainé des frères Dekeyne, nous reçoit dans ses vignes, non loin de Bethon. Très satisfait en ce début de vendanges, il nous explique leur philosophie : couverts végétaux, pas de travail du sol et permaculture. Courageux et déterminés, Gaël et Baptiste s’engagent en bio il y a 2 ans. Ils choisissent de quitter la coopérative familiale et de monter leur propre pressoir ainsi que d’investir dans leur cuverie. Alors qu’ils font office d’exception dans le vallon, ils nous confient de n’avoir jamais eu autant la banane que depuis qu’ils sont en bio !
Cap ensuite sur Villenauxe-la-Grande pour rendre visite à Aurélie et Loïc Barrat, en bio depuis maintenant 12 ans. Durant les vendanges, pas moins de 40 personnes sont employées à temps plein par le domaine ! “Cela demande une certaine organisation” nous avoue Aurélie. « Mais, nous avons deux très bonnes cuisinières et ça c’est le plus important ! »
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31/08/2022 : Vallée de la Marne
Aujourd’hui, nous continuons notre route plus au nord jusqu’au berceau historique de la Champagne : la vallée de la Marne. Ici, la diversité est à l’honneur, avec une diversité de terroirs mais aussi de climats !
C’est sur la rive droite de la Marne, dans le petit village de Vincelles, que nous attendent Swann et son épouse du domaine Delozart. Lui qui n’avait pourtant pas vocation à devenir vigneron, se démène aujourd’hui pour développer le domaine. En effet, après une carrière en informatique, il décide en 2020, de reprendre l’exploitation familiale. Autodidacte et ambitieux, il expérimente de nouvelles pratiques au vignoble et a même monté sa propre cuverie. Il souhaite d’ailleurs la développer davantage avec l’élaboration d’une cuvée à dominante Pinot Gris !
En route, maintenant, pour l’emblématique maison sparnacienne 100% Bio ! C’est dans le cœur historique d’Epernay, que la maison Leclerc Briant presse et vinifie ses vins. Pendant la quinzaine, toute l’équipe Leclerc Briant est à pied d’œuvre. Même le directeur commercial a été réquisitionné pour charger le pressoir !
Nous quittons l’effervescence de la capitale du champagne pour nous rendre à Cumières au domaine Georges Laval. C’est en plein débourbage que nous accueillent Vincent et son fils Solal. Avec son atmosphère chaleureuse et paisible, nous y oublions un instant le rush des vendanges. Ici, les vendanges sont à l’image des Laval : authentiques et familiales !
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01/09/2022 : Côte des Blancs
Direction la mythique Côte des Blancs, où Frédéric Pougeoise nous retrouve sous un soleil éclatant. Chez Frédéric, les vendanges sont une affaire de famille ! Père, mère, compagne, enfants, cousines, amis proches, sans oublier leur fidèle ouvrier « Tintin » se réunissent chaque année pour rentrer la vendange. Cette année Frédéric a le sourire : « la récolte est belle ! ». Ce vigneron coopérateur a décidé de franchir le pas de la conversion bio en 2018. Comme son père, il livre ses raisins à l’une des coopératives de Vertus, qu’il a fallu convaincre de s’ouvrir à la bio !
Nous continuons notre route jusqu’à Avize pour y retrouver la famille De Sousa pour leur premier jour de vendange. Charlotte, l’ainée des trois enfants, nous accueille dans un pressoir encore très calme : « Ça ne va pas durer ! Ces vendanges 2022 s’annoncent très bonnes, de quoi bien remplir la cuverie ! » Justement, après une matinée de cueillette, Julie, la cadette, revient des vignes avec ses équipes de vendangeurs. C’est déjà l’heure du premier pressoir. Pendant, le chargement des caisses, Julie se confie « Je dirais que cette vendange est futuriste. Il faudra s’attendre à de plus en plus de récolte comme celle-ci avec le réchauffement climatique. »
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02/09/2022 : Montagne de Reims
En virée autour de la ville des sacres, nous nous arrêtons au domaine Larnaudie-Hirault à Trois-Puits. Alors qu’ils travaillaient tous deux dans le commerce et le marketing, Michaël et son épouse Clarisse décident de tout quitter pour revenir s’installer dans le domaine familial. Ils choisissent en 2020 de sauter le pas de la conversion bio afin d’aligner enfin leurs convictions personnelles à leurs pratiques professionnelles. « Ce passage en bio s’est très bien passé. Il faut dire que mon père travaillait ses sols et était déjà sensible aux alternatives à la chimie. Quand le terreau familial est déjà bon, la conversion se fait bien plus facilement. C’est une chance ! » reconnait Michaël.
Cap vers Janvry, où nous retrouvons un Alexandre Lamblot heureux de la vendange qui s’annonce. Chez Alexandre, chaque vendange est inédite « Je ne prévois rien à l’avance. Je goute puis je sulfite si nécessaire, et je décide une fois débourbé du contenant pour chaque moût. » Autre particularité au domaine, le débourbage et l’entonnage sont réalisés par gravité !
Notre virée du jour se termine à Villedommange dans le vignoble du Champagne Solemme. Nous y rencontrons Olivier Langlais et son équipe de vendangeurs. Ce vigneron-coopérateur est très satisfait du millésime 2022, d’autant plus après la récolte 2021, « extrêmement décevante ». Confiant pour son millésime, il semble tout aussi confiant pour l’avenir du domaine familial. Fraîchement diplômé d’un DNO, son ainé s’imagine même développer sa propre cave de vinification. La relève semble bien assurée !
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03/09/2022 : Vallée de la Marne axonaise
Direction l’extrémité ouest de la Champagne, à la rencontre des viticulteurs bios de l’Aisne. Premier arrêt à Bonneil, au domaine MG, où Guillaume nous accueille en plein pressurage de son rosé de saignée. Passionné par la viticulture depuis son plus jeune âge, c’est tout naturellement qu’il a repris le domaine familial et s’est converti en 2019. Il vinifie donc cette année ses premiers vins bio !
Nous poursuivons notre chemin à la rencontre de Jérôme Lefèvre. Nous le retrouvons sur l’une de ses parcelles à Charly-sur-Marne avec sa petite équipe de vendangeurs. Cet ancien critique d’art et directeur d’exposition décide de tout plaquer et de revenir en Champagne afin de cultiver le vignoble familial. Véritable vigneron-jardinier, la viticulture biologique s’impose comme une évidence. Ses champagnes et ses récents coteaux champenois sont à l’image de son parcours, Jérôme ne cesse de se réinventer et d’expérimenter.
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09/09/2022 : Val du Petit Morin, Côte des Blancs
Clap de fin pour cette tournée des vendanges ! Premier arrêt au domaine Tange-Gerard, où nous retrouvons une petite équipe de vendangeurs franco-danoise pour leur dernière matinée de vendanges. Dès la reprise du domaine, Alain Gérard, quatrième génération de vignerons, renonce à l’utilisation des herbicides dans les vignes. Alain et Solveig souhaitent aller au bout de leur engagement et convertissent le domaine en bio en 2020.
Nous poursuivons notre route jusque Congy où Antonin Aubry nous accueille dans son pressoir. C’est en 2020 que ce professeur du lycée viticole d’Avize et son frère Fabien décident de convertir le domaine en bio. Cette conversion s’est faite facilement, grâce notamment à un bon terreau familial. Pour les Aubry, l’année 2022 est une année très surprenante et atypique !
Nous quittons les coteaux du Petit Morin pour Oger où nous rencontrons Marine et Quentin, un jeune couple dynamique et plein d’ambition ! 8ème génération de vignerons champenois, ils ont décidé courageusement de quitter la coopérative en 2014 pour élaborer leurs propres cuvées. Particularité au domaine Vincey, aucun sulfite n’est ajouté ! Pour éviter l’oxydation et la contamination bactérienne des jus, Quentin utilise de la glace carbonique.
Notre périple se termine chez Pascal Doquet. « Cette saison estivale 2022 est une preuve flagrante du bouleversement climatique que nous sommes en train de vivre. Nous nous retrouvons avec un climat beaucoup plus chaud, sec, et finalement plus bourguignon que champenois ! » nous explique Pascal. « Il faut avoir confiance en la vigne et la laisser murir. Il ne faut pas avoir peur de la baisse d’acidité ! » finit-il par rajouter.
Viticulteurs, coupeurs, débardeurs, pressureurs, cavistes, merci à tous pour vos témoignages et vos sourires !