Rapport d’orientation du Président – AG 06 octobre 2020

Rapport d’orientation du Président – AG 06 octobre 2020
Rapport d’orientation du Président – AG 06 octobre 2020

Rapport d’orientation du Président de Bio en Grand Est, Julien SCHARSCH à l’Assemblée Générale du 06 octobre 2020 à Schiltigheim (67)

 

1ère bougie !

Nous tenons en 2020 la 1ère Assemblée Générale Ordinaire de notre fédération Bio en Grand Est :
Nous tenions notre AG fondatrice en mars 2019 à Metz. Ainsi en 2020, dans ces conditions particulières c’est donc notre première Assemblée Générale Ordinaire.
Il paraît que les 3 premières années sont les étapes clés donc nous sommes encore en plein dedans. Comme vous avez pu le constater l’activité de Bio en Grand Est a été riche en 2019 (puisque le rapport d’activités que vous avez vu concerne 2019).
La région Grand Est est vaste, nous avons donc poursuivi notre ré-organisation et notre déploiement dans les 10 départements du Grand Est . Et donc des salariés implantés sur 9 sites géographiques : Charleville, Reims, Châlons, Chaumont, Metz, Nancy, Épinal, Colmar et Schiltigheim. Ne reste que la Meuse , seul département ou nous ne sommes pas physiquement implanté…mais où les projets sont nombreux.

Tout ça pour dire qu’il est essentiel pour nous d’être présents dans les territoires pour accompagner les projets des agriculteurs, et pour être en lien également avec les partenaires du monde agricole et de la société civile. Le cœur de notre réseau sont ces groupements départementaux.
Cette Assemblée générale est donc le moment de faire un bilan des projets qui ont été menés, mais aussi et surtout de dresser les perspectives d’actions qui seront les nôtres à moyen terme et les orientations que nous souhaitons prendre.

Développement de la Bio

Alors si nous analysons la situation et le contexte actuels, nous voyons que la Bio progresse dans les différents secteurs de productions, la dynamique est là et nous nous en félicitons. Nous avons toujours porté cet objectif de voir les surfaces en Bio se développer et nous pouvons donc nous satisfaire car chaque Hectare qui passe en Bio aura des impacts positifs sur l’environnement en général et sur la protection des ressources en particulier (l’eau, les sols…etc).
Aujourd’hui, nombreux sont les opérateurs qui s’intéressent à la Bio. Aussi bien les institutions agricoles généralistes, les pouvoirs publics (Etat, Région), et bien sûr également les opérateurs privés en aval de l’agriculture.
Et comme les surfaces en Bio continuent de croître, on pourrait croire que le principal a été fait, que maintenant c’est le marché qui va développer la Bio.
Mais notre mouvement, notre organisation de producteurs a toujours été dans l’anticipation et nous devons le rester.
Notre rôle est donc d’analyser cette situation, de prendre du recul et de se poser les questions :
Est-ce que les motivations et les exigences portées par les pionniers de la Bio sont aujourd’hui garanties par le cahier des charges européen ?
Est-ce que la place et la voie des producteurs est toujours garantie dans les nouvelles filières Bio qui se multiplient ?
Est-ce qu’aujourd’hui l’AB répond à tous les critères d’une agriculture durable (Environnementaux, Sociaux et Économique) ?

Et les réponses à ces questions ne sont sans doute pas simplement binaires mais peuvent nous laisser penser qu’il nous reste (nous collectivement) du travail et qu’une simple progression des surfaces ne saurait être suffisant.
En effet pour nous la bio est une démarche de progrès continue.
Pour certains, le passage en bio est progressif, il commence par un atelier et ensuite petit à petit le reste des surfaces suivent.
Pour d’autres, il est plus ancien et l’expérience acquise au fil des années permet de mieux passer les aléas que ce soit au niveau de la production ou au niveau de la commercialisation.
Pour d’autres encore il date de plusieurs décennies ou de la génération précédente et le modèle qui a été développé dépasse largement les critères du cahier des charges européen.
Aucun d’entre nous n’a la prétention de dire que son système de production est parfaitement abouti, mais nous voulons nous inscrire dans une démarche de progrès.
De partager avec ses collègues, ses voisins, ses expériences réussies comme ses échecs, et ainsi de progresser ensemble.

Bio et climat

Et aller vers cet objectif d’une plus grande résilience. La définition de la résilience vient de la mécanique et désigne la capacité d’un matériau à reprendre sa forme initiale après un choc.
Les 3 dernières années où nous avons chaque été connu un épisode de sécheresse montre que nous avons encore du chemin à parcourir pour atteindre cette résilience.
C’est la feuille de route que nous souhaitons nous donner pour les prochaines années.
Poursuivre le travail d’adaptation et de résilience dans un contexte de changement climatique.
Mais aussi aller plus loin sur la restauration de la Biodiversité autour de nos parcelles comme dans nos parcelles.
Nous sommes convaincus que cela ne sera pas instantané, que cela nécessite du temps et qu’il sera plus efficace d’y travailler collectivement qu’individuellement. L’échange sur les pratiques, l’autoformation, l’expertise technique des producteurs seront nos outils pour innover. En bref, ensemble on va plus loin.
Notre réseau se veut ouvert à toutes celles et tous ceux qui s’intéressent à la Bio, qui se posent des questions, qui envisagent d’y passer, toutes celles et ceux qui débutent leur conversion et bien sûr celles et ceux qui sont en bio depuis plus longtemps. Ouvert également à toutes celles et ceux qui ne sont pas agriculteurs et qui souhaitent apporter leur part à cette transition agricole que nous portons.

Bio et territoires

Autre aspect qui est important pour nous c’est la dimension territoriale de l’agriculture Bio. Avec l’objectif d’une alimentation relocalisée qui en découle. Il nous tient particulièrement à cœur de créer du lien et des échanges entre les territoires ruraux et urbains. Limiter la consommation de foncier par les centres urbains c’est prendre part à la résilience alimentaire.
Oui l’agriculture biologique est enracinée dans les territoires. Là où les lois du marché cherchent à standardiser, à gommer les spécificités, à uniformiser les produits nous voulons plutôt développer des micro-filières de territoire. Filières qui peuvent aussi ne pas être « micro » mais toujours de territoire. Des activités agricoles qui créent des emplois non-délocalisables et qui interagissent au sein d’un système économique de proximité avec les artisans, les PME du secteur de la transformation, les commerçants.
En ayant toujours bien en tête que nous ne sommes pas dans une simple relation économique mais que nous produisons de l’alimentation et que cela comporte alors une notion d’échange, de dialogue avec nos concitoyens que nous nourrissons et les institutions locales qui les représentent.
C’est là la dimension sociale et culturelle de l’AB. Des paysannes et paysans bio nombreux dans des territoires vivants et qui offrent un cadre serein pour les projets d’installation et le renouvellement des générations.
Je crois que nous pouvons même parler d’identité pour ne pas laisser ce terme être dévoyé par d’autres. C’est là notre identité, des territoires vivants, ouverts où dialogue et échanges sont pratiqués au quotidien.

Soutenir l’AB

Pour finir (après avoir détaillé ce que nous sommes et la feuille de route que nous nous donnons), nous voulions tout de même évoquer ce que nous attendons de nos partenaires. Notamment sur les soutiens à la conversion et sur la reconnaissance des services rendus par l’agriculture biologique à la société.
Vous le savez, les politiques publiques de soutien à la conversion se retrouvent chaque année en ballotage. Nous avons toujours dit que nous partagions le souci que les conversions soient durables et pérennes et que dans un objectif d’équité nous n’étions pas opposés à l’établissement de plafonds pour la conversion. Nous avons donc accepté ce plafond de 30 000€ par ferme, qui correspond à peu près aux 100 premiers hectares. Nous le disons, ce serait vraiment un coup de frein au développement de la Bio que de baisser encore ce plafond.
Nous demandons des choix politiques clairs, alors qu’aujourd’hui une majeure partie des soutiens publics vont vers des systèmes agricoles très mécanisés, avec peu d’emplois.
Pourtant l’étude commandée par le ministre Le Foll et menée en 2016 par l’ITAB sur la « quantification et le chiffrage des externalités de l’agriculture biologique » a permis d’établir toute une liste des externalités positives de la Bio et d’aboutir à la conclusion que :
L’agriculture biologique préserve les biens communs (l’air, l’eau, les sols, la biodiversité, le climat…). Elle consomme moins d’énergie fossile et émet donc beaucoup moins de gaz à effet de serre, notamment en se passant des engrais chimiques dont la synthèse est fortement émettrice de protoxyde d’azote.
L’agriculture biologique a des impacts positifs sur la santé humaine : qualité sanitaire des aliments plus élevée, moindre risque de développement de l’antibio-résistance, moindre risque de toxicité chronique et de cancers.
L’agriculture biologique nécessite plus de main d’œuvre et crée ainsi des emplois, et ces emplois sont non délocalisables. 13% des emplois agricoles sont dans la bio quand celle-ci représente 7% des surfaces
L’agriculture biologique contribue d’avantage au bien-être animal. Accès au plein air, chargement plus faible, plus d’espace dans les bâtiments.
Et bien tous ces avantages, que l’on a appelé externalités positives de l’agriculture bio, sont de plus en plus documentées et mises en avant.
Nous souhaitons donc que l’on puisse continuer à construire avec tous les partenaires un outil public de reconnaissance de ces services environnementaux. Et nous serons force de proposition en envisageant d’autres critères que simplement les surfaces agricoles par exemple, le nombre d’actifs présents sur les fermes.
On touche là à la finalité non marchande de l’agriculture bio. Ce n’est pas le marché qui va prendre en charge ces externalités positives. Le marché et la compétitivité ne sont pas le bon cadre pour la prise en compte des biens communs !
Nous pensons que c’est la puissance publique qui est garante de l’intérêt général.
C’est pourquoi nous demandons que les soutiens à la conversion soient stabilisés pour l’avenir et que soit introduit un dispositif de reconnaissance des services environnementaux et sociaux de l’agriculture.

Remerciements

Pour conclure, je tenais à remercier toutes les paysannes et tous les paysans bio dans tous les territoires de cette grande région qui donnent bénévolement de leur temps pour transcrire en actes les valeurs qu’ils portent.
Les administrateurs et administratrices des groupements départementaux et de Bio en Grand Est.
Remercier aussi chaleureusement l’équipe salariée sans qui rien ne serait possible. Nous savons les valeurs fortes qui les animent, leur détermination, leur disponibilité qui va bien souvent au-delà de leurs simples missions et qui en plus ne peuvent pas tous être présent aujourd’hui pour les raisons sanitaires et de jauge limitée.
Je remercie également vous toutes et tous, les partenaires publics, les institutions et toutes les organisations agricoles qui œuvrent au développement de la Bio.
Et enfin tous les amis, bénévoles, citoyens, militants, qui sont à nos côtés tout au long de l’année pour mettre en œuvre tous ces projets de transition agricole.

MERCI A VOUS TOUTES ET TOUS ET QUE LA BIO CONTINUE D’AVANCER !

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