Le troupeau et les prairies souffrent des effets du changement climatique, c’est un fait. Face à ce constat Marie Laflotte, directrice de l’exploitation du lycée agricole de Château Salins, mobilise trois leviers : l’évolution du système fourrager, la plantation d’arbres et l’aménagement des bâtiments.
Au-delà de 26°C nos bovins se trouvent en stress thermique, avec de nombreuses conséquences susceptibles de profondément affecter la santé des animaux. Ainsi, la canicule de 2003 a entrainé +24% de mortalité dans le cheptel bovin laitier français. Plus de 25 °C c’est aussi une baisse de 20 à 30% de la production laitière. Comment réduire ce stress thermique ? Le bâtiment est la première piste de réflexion : exposition, ventilation et hygrométrie sont les éléments clé. D’autres leviers moins couteux existent tel que l’accès à l’eau tôt le matin, l’apport de sel, l’ombrage, la réduction de temps de pâturage… Mais la réflexion de Marie va plus loin : doit-on investir dans les bâtiments ou changer de production ? dans 10 ou 20 ans sera-t-il encore possible de produire du lait sur ce plateau séchant ? Changer de race serait une solution ?…
Quelque soit les productions et évolutions à venir, miser sur les arbres est toujours un bon pari : ombrage, brise vent, fourrage complémentaire, biodiversité fonctionnelle, paysage, maintien des sols, stockage du carbone, autant de bénéfices pour la ferme grâce aux haies récemment implantées et au projet de plantation d’arbres fruitiers dans les prairies qui complète parfaitement le projet d’évolution apicole et d’approvisionnement en fruit de la restauration collective.
Autre aspect à gérer en lien avec le changement climatique : la nécessaire adaptation du système fourrager. A La Marchande le passage en bio avait déjà amorcé la réflexion sur l’assolement et sur la gestion des prairies. Aujourd’hui le maïs a disparu, méteils et sorgho ont fait leur apparition. Au regard du comportement des différentes espèces herbacées (résistante à la sècheresse mais sensible au gel, bonne valeur fourragère mais sensible au stress hydrique…), les mélanges variétaux sont privilégiés. Par ailleurs, la constitution de stocks de fourrage pour l’été est devenue incontournable.
Dans le cadre du mois de la Bio, les élèves de BTS ont organisé une journée dédiée au changement climatique. Yves Leroux enseignant chercheur à l’ENSAIA a d’abord posé le contexte du changement climatique en cours, l’objectif de neutralité carbone pour 2050 et les perspectives en matière alimentaire et agricole. Marie Laflotte est intervenue sur le projet Life AgriAdapt, ainsi que Thomas Puech de l’INRAE de Mirecourt, avant la tenue d’ateliers sur la ferme animés par différents intervenants (étudiants, chambre d’agriculture, lycée de Pixerécourt). |